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      découverte
        Gilbert Beugue
artisan cordonnier
Artisan hors pair et dépositaire d’un savoir-faire unique, Gilbert Beugue remet à neuf les chaussures depuis 36 ans. Dans son atelier d’à peine 4 m2 au cœur de Moka, il se consacre à sa passion et fait vivre un art aujourd’hui rare. Zoom sur un homme qui inspire force et persévérance...
 Vingt-cinq ans qu’il s’est fixé à la rue A7, Saint Pierre, pour employer son talent. Les ficelles du métier, cet habitant de Petit Verger les a apprises aux côtés de son père, jadis cordonnier. En 1985, alors âgé de 16 ans, Gilbert Beugue s’initie à l’art de la cordonnerie après ses heures de classe afin de l’aider. Il y prend rapidement goût. Alors que son père rend le tablier pour rejoindre une usine sucrière,
il s’attelle à la tâche et, autodidacte, continue à apprendre les subtilités du métier. Il a alors le pied à l’étrier et aujourd’hui, c’est l’élève qui a dépassé le maître.
Dérogeant à la tradition du « lundi cordonnier », Gilbert est à l’œuvre du lundi au samedi dans son atelier. S’il était autrefois épaulé par son épouse Padmini, aujourd’hui
il s’affaire seul à réparer bottes, escarpins, chaussures
de foot, sandales, entre autres. Dans son atelier, nous découvrons un joli désordre : plusieurs paires de chaussures jonchent le sol, des sacs sont tassés çà et là et ses outils éparpillés sur toute sa table. Gilbert règne en maître malgré tout dans ce bazar. Muni de son enclume, marteau, aiguille alêne, tranchet et fil, il travaille et dompte les matières. Raccommodage, ressemelage, forçage, il propose divers services à ses clients et s’improvise même en réparateur d’articles de maroquinerie. C’est dans la bonne humeur
et avec passion qu’il répond aux besoins de ses clients
au quotidien. « Lamour ki inportan dan sa travay la », nous dit-il.
Au fil des années, cet artisan s’est bâti une solide réputation. D’ailleurs, il est régulièrement sollicité par le magasin
Orchid Shoes qui se trouve en face de son atelier pour la réparation de chaussures. Il accueille par jour une dizaine
de clients venus des quatre coins de l’île et avance à leur rythme. « Mo esey fer plezir tou bann kliyan », nous dit-il. Malgré le succès dont il jouit, le cordonnier est conscient que ce métier est en voie de disparition. « Se enn metie ki pou al mor », regrette-t-il. Gilbert nous confie toutefois qu’il compte bien faire ce métier jusqu’à la retraite pour préserver ce savoir-faire ancestral et satisfaire
ses clients fidèles.
Adresse : rue A7, Saint Pierre (en face de Orchid Shoes) Lundiàvendredi:8hà18h
Samedi:8hàmidi
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