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58   MOKAZINE / NO 5 / 2023
à la une
L’urbanisme durable
 Mikael Colville-Andersen :
« L’engagement citoyen est le
nouvel urbanisme ! »
Mikael Colville-Andersen est un urbaniste danois, également auteur et animateur de la série documentaire The Life-Sized City. Il a travaillé dans plus
de 100 villes pour améliorer
la vie urbaine et lutter contre
le changement climatique. Toujours prêt à inspirer avec sa philosophie, il livre en exclusivité au Mokazine sa pensée sur l’urbanisme durable.
Bonjour Mikael ! Pour démarrer, dites-nous : quelle est votre définition de l’urbanisme durable ?
Comment le définir en une phrase ? La durabilité ressemble à un mot-
clé et je me suis souvent retrouvé à décrire un certain nombre d’éléments impliqués... pour finalement réaliser que je ne faisais qu’énumérer d’autres mots-clés ! Mais présentons-le
ainsi : l’urbanisme durable consiste à améliorer les choses, au lieu de créer plus de problèmes. De quels outils disposons-nous pour progresser ? Heureusement, cette liste est longue.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples ?
Il y a par exemple l’architecture durable. Utiliser des matériaux à faible
empreinte carbone, rechercher des bâtiments à faible consommation d’énergie ou encore créer une culture de la domicologie (ndlr : l’étude des caractéristiques économiques, sociales et environnementales relatives au cycle de vie du cadre bâti) pour concevoir nos bâtiments comme des produits recyclables. Tout ce que nous faisons doit résoudre un problème existant et améliorer les conditions
de nos concitoyens – par exemple
en les protégeant de la chaleur, des intempéries et de la pollution. Comme je le répète souvent : une bonne rue est une rue qui rend en meilleure santé lorsqu’on la parcourt ou que l’on y vit. Un bon quartier est un quartier avec suffisamment d’espaces publics, non seulement pour les infrastructures vertes, mais aussi pour le lien social et la cohésion, tous deux très importants.
Quel rôle le citoyen a-t-il à jouer dans cette démarche ?
Pendant des décennies, nous avons vainement utilisé l’ingénierie comme objectif principal du développement urbain. Mais il est temps de se concentrer plutôt sur le Design Thinking. C’est un processus d’humain à humain qui nous incite à considérer nos rues, nos quartiers et nos villes comme
des objets de design plutôt que des équations mathématiques à résoudre.
La démocratie urbaine est, en parallèle, essentielle. L’engagement citoyen place fermement les individus autour de la table en tant que partenaires égaux, et recherche de manière proactive leurs idées et préférences. Lorsque ces deux termes sont combinés, alors on commence à penser l’urbanisme différemment. On se concentre sur la planification pour toute la communauté. Une utilisation mixte efficace des terres favorise la densité et encourage le besoin de transports en commun améliorés,
de quartiers propices à la marche et d’infrastructures adaptées aux vélos. Les infrastructures vertes nous aident à rafraîchir nos villes et à lutter contre les inondations, et présentent des atouts positifs pour la santé mentale.
Enfin, le combat pour atténuer les effets du changement climatique
se fera rue après rue, quartier après quartier. Les villes sont en première ligne. Comparé au rythme des politiques nationales, le changement urbain local peut être rapide et efficace tout en bénéficiant au plus grand nombre. Une population urbaine engagée a les idées, l’énergie et le désir d’un changement urbain positif si nous valorisons l’importance de la communauté et du progrès.
 








































































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